Sabrina B. Karine / Scénariste

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Sabrina B. KARINE

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Scénariste

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« Dix pour cent »,« Fais pas ci, fais pas ça »,« Les Innocentes » : l’artiste d’aujourd’hui est également derrière « La dernière vie de Simon », film actuellement en salles que j’ai eu la chance de voir en avant-première en festival au mois de Novembre. Foncez le voir au cinéma ! 

Je suis heureuse de vous présenter Sabrina B. KARINE, scénariste qui a travaillé sur les séries et films cités ci-dessus.

Une interview pleine de sagesse et d’humilité, où Sabrina nous partage sa vision du métier de scénariste. “Ce que nous écrivons est un miroir de ce que nous sommes, que nous en soyons conscients ou pas.”

Venez découvrir avec moi ce magnifique métier bien plus complexe que nous le pensons.

Maëlle VABRE : En quoi consiste votre métier de scénariste ?

Sabrina Karine : Mon métier consiste à raconter des histoires, mais le scénario est un format différent des romans et autres livres que l’on peut trouver, parce que ce n’est pas un produit fini et ce n’est pas littéraire. N’étant pas très littéraire c’est pour cela que je me suis tourné vers ce domaine, j’ai d’ailleurs fait un bac S (scientifique).

C’est une écriture très différente qui décrit vraiment ce que l’on voit à l’écran c’est-à-dire l’action, les personnages et cela de la manière la plus simple possible, sans fioritures. On pourrait également dire avec le moins de style possible mais c’est toujours plus agréable lorsqu’il y a style, bien que cela puisse être un piège.

En effet parfois le style apporte une émotion, une touche que l’on ne va pas retrouver à l’écran, car la caméra ne reconnait pas le vocabulaire qui a été utilisé dans le scénario.

Pour moi, le métier de scénariste c’est donc d’aller à l’essentiel. C’est comme un gros puzzle 3D de la psychologie des personnages. Le scénario sert à faire passer des émotions à travers l’action sans dire les choses, alors que le roman permet d’aller dans les pensées des personnages et de dire ce qu’ils pensent.

Dans un scénario nous devons penser au spectateur qui est dans la salle à qui nous voulons faire ressentir des choses sans les lui expliquer. C’est tout un jeu, un gros puzzle en trois dimensions voire même plus.

M.V : Qu’avez-vous fait comme études ?

S.K : J’ai fait un bac S et c’est tout, je n’ai pas fait d’études de scénario par la suite.

M.V : Comment en êtes-vous arrivé à écrire des scénarios ?

S.K : J’écrivais déjà des scénarios parce que j’aimais ça et que j’en avais déjà envie.

J’ai commencé en écrivant quelques fan-fictions sur internet car j’étais fan de la série Stargate à l’époque. Les fans se retrouvaient sur internet et écrivaient des épisodes pour se faire plaisir et voilà comment tout a commencé.

Par la suite j’ai lu des ouvrages, j’ai fait des stages et des résidences d’écriture entre autres, mais je n’ai pas fait d’école.

M.V : Sur combien et sur quel type de projet avez-vous travaillé ? Comment avez-vous débuté ?

S.K : J’ai toujours beaucoup de projets car je pense qu’il est important d’avoir plusieurs cordes à son arc.

Tout a débuté avec deux projets en parallèle pour le cinéma et la télévision. J’ai été engagée sur la série « Fais pas ci fais pas ça » qui a été mon premier emploi avec la télévision et je co-écrivais en même temps le scénario du film « Les Innocentes » avec Alice VIAL, pour lequel nous avons également trouvé un producteur. Cela m’a ouvert les portes du cinéma et de la télévision.

J’ai eu la chance de travailler d’un côté sur de la comédie familiale pour la télévision, et de l’autre côté sur un drame historique. Cela m’a permis de ne pas être directement mise dans une case et de prouver que je pouvais faire les deux. Cela m’a également ouvert de nombreuses portes car par la suite j’ai travaillé sur la série Dix pour cent, puis j’ai écrit « La dernière vie de Simon » avec Léo KARMANN. (https://www.youtube.com/watch?v=jgGSHuHcZGI)

J’ai énormément de projets de styles très différents, mais dans lesquels on retrouve un ton qui me ressemble.

M.V : Comment arrivez-vous à trouver votre style en tant que scénariste ? Comment arrivez-vous à mettre votre patte sur le scénario ?

S.K : Je pense que c’est quelque chose qui est déjà en nous, c’est notre personnalité, c’est qui nous sommes, ce que nous aimons.

On peut le conscientiser et le travailler mais je pense que c’est quelque chose qui est là et qui le reste.

M.V : Sur quel critère vous basez-vous pour accepter un projet ?

S.K : Je me base sur l’émotion que cela me procure.

Je considère que tous les projets ont un potentiel et peuvent être intéressants, il suffit d’aller chercher, de creuser et de travailler car un scénario nécessite énormément de travail.

Certains projets m’intéressent intellectuellement, c’est-à-dire que je trouve que le sujet est intéressant et qu’il peut faire un bon film. Certains autres projets me touchent vraiment, au niveau du ventre et du cœur, et généralement, je choisis ceux-là.

Je sais que cela demande du temps et de l’énergie d’écrire un scénario. On peut également se retrouver face à des obstacles et devoir convaincre d’autres personnes, encaisser des refus, ce qui peut être très long.

Si j’ai une idée qui ne m’intéresse que dans la tête, je vais la mettre de côté car je peux m’en lasser, alors qu’il est hors de question de lâcher une idée qui vient des tripes. Je trouve que c’est ce qui fait la différence et qui nous donne l’envie de continuer, l’envie de se battre pour ces projets et de les faire aboutir.

M.V : Depuis combien de temps exercez-vous ce métier ?

S.K : Je suis arrivée à Paris il y a dix ans, je voulais faire ce métier depuis mes 11 ans mais cela fait plus de huit ans que je suis payée pour, s’il s’agit d’un critère définissant un métier.

Je pense que j’ai mis deux voire trois ans à trouver un réseau et à me faire payer afin de pouvoir gagner ma vie avec ce métier.

M.V : Comment avez-vous fait pour développer votre réseau en tant que scénariste et trouver du travail ?

S.K : La première étape a été de monter à Paris puis j’ai participé à un maximum d’événements, que ce soit des concours, des stages ou des festivals, tels que le festival des scénaristes organisé chaque année à Valence.

Des concours de scénario permettent de rencontrer des gens, de même que les résidences d’écriture dans lesquelles, après avoir été sélectionné, vous rencontrez d’autres scénaristes, mais aussi des consultants qui sont généralement des scénaristes professionnels.

J’ai également créé un groupe de scénaristes appelé « Les indélébiles » composé d’une dizaine de scénaristes. Nous nous voyons tous les mois afin d’échanger des retours sur nos textes. Cela permet de se créer un réseau parce que l’on rencontre tous des gens et cela en peu de temps. Cela prend du temps au début.

Il y a de nombreuses associations à Paris, comme l’association « Séquences 7 » ou encore « La Scénaristerie », entre autres, qui ont pour but de créer des liens et de permettre de nouvelles rencontres en organisant par exemple des apéros. Il existe donc des solutions pour rencontrer de nouvelles personnes.

M.V : Quel est le meilleur investissement que vous ayez fait ?

S.K : J’ai envie de dire une machine à laver, car avec mon premier prix pour un scénario je m’en suis acheté une.

Il y a deux ans et demi j’ai fait un burn out et je pensais qu’après un mois de repos tout irait mieux. Mais en réalité, cela a duré un an et demi, sans pouvoir écrire. Je me suis donc rendue compte qu’il fallait que je m’occupe de moi, et pas uniquement me faire masser et partir en vacances. Il me fallait faire une véritable introspection et un travail sur moi.

Puis je me suis questionnée sur le fait qu’en ne travaillant pas durant un an et demi je n’aurais plus d’entrée d’argent. Nous avons néanmoins la chance en tant qu’auteurs, notamment ceux ayant travaillé sur des séries, de toucher des droits lorsque les épisodes sont diffusés.

Finalement, cette année et demie où je n’ai pas travaillé est l’année où j’ai touché le plus d’argent car c’était la période de diffusion de la série Dix pour cent.

J’ai beaucoup dépensé dans la thérapie et dans les nouveaux outils de thérapies, tout en sachant qu’il s’agissait d’un investissement précieux. En effet, non seulement cela m’a permis d’aller beaucoup mieux et de vraiment évoluer, mais cela m’a également permis d’avancer dans ma façon d’écrire, de comprendre les personnages et la vie. Cela m’a fait faire un bond en avant dans l’écriture, dans le travail et dans bien d’autres choses.

Mon meilleur investissement a donc été de décider de prendre soin de moi et de de mieux me connaître car, selon moi, ce que nous écrivons est un miroir de ce que nous sommes, que nous en soyons conscients ou pas.

Plus nous nous connaissons, plus vite nous réussissons à aller à l’essentiel et à nous poser des questions plus rapidement dans cet exercice complexe qu’est l’écriture.

Je pense que le fait d’écrire en ayant conscience de ce que nous racontons est une expérience plus forte que lorsque nous tâtonnons et que nous ne savons pas forcément ce que nous voulons raconter. Même si nous y arrivons quand même, le fait d’en avoir conscience donne une autre dimension au projet.

M.V : Comment avez-vous réussi à gérer la pression de votre métier de scénariste après ce burn out ?

S.K : Je pense que la pression, même si elle est extérieure, vient principalement de nous. Si quelqu’un nous met la pression mais que nous ne nous y intéressons pas, nous arrivons à passer à travers, cela fait partie des choses sur lesquelles j’ai travaillé.

Aujourd’hui, lorsque je sens que j’ai une petite angoisse je me pose la question, mais j’ai appris à ne plus me mettre la pression et j’ai réappris à écrire pour le plaisir. Ce n’est donc que du plaisir, que du bonheur, c’est joyeux donc il n’y a jamais de pression.

Je pars du principe qu’un scénario demande du temps et qu’il décide lui-même du temps dont il a besoin ; c’est la première chose que je dis aux producteurs. Ainsi, s’il faut deux ans il en faut deux, s’il faut quatre ans il en faut quatre, un scénario s’écrit rarement en six mois.

À partir de là, il y a beaucoup moins de pression parce que celle-ci provient souvent du fait que les gens veulent tourner vite. Alors, je pose dès le départ que nous allons prendre le temps, car il vaut mieux prendre le temps de faire un projet pour lequel nous n’avons aucun regret que de se dépêcher et de se dire que nous aurions pu mieux faire.

À partir de là, on peut se dire que l’on a le temps et que l’on peut choisir uniquement des projets que l’on aime, avec des gens que l’on sent bien. C’est déjà une bonne base pour ne pas être stressée.

M.V : Selon vous, dans l’écriture de scénario, que font les professionnels différemment des débutants ?

S.K : Je pense que nous nous posons plus vite les bonnes questions parce que l’on a expérimenté.

En même temps, en tant que professionnelle, je pense que chaque projet m’apprend énormément. Il s’agit toujours d’une leçon à divers niveaux. À un niveau personnel, je suis persuadée que les projets sont des miroirs ; nous y mettons une partie de nous et ils nous aident à avancer.

Lorsque l’on vient à moi pour des projets, je suis à chaque fois fascinée de voir à quel point cela résonne avec ce que je suis en train de traverser dans ma vie. J’ai vraiment l’impression de donner et de recevoir, c’est-à-dire que je donne aux projets une partie de ce que je vis, de ce que je comprends et de ce que j’apprends, et l’inverse est vrai aussi. J’ai l’impression que les projets m’apportent aussi beaucoup et c’est en ça que cela fait grandir la personne et la scénariste que je suis.

Chaque problème me fait avancer et me fait comprendre des choses. Le prochain film que nous écrivons avec Léo Karmann est un biopic, j’ai réalisé énormément de choses sur l’écriture en apprenant beaucoup sur ce genre de films.

J’ai l’impression que chaque projet est une vraie leçon en soi, donc plus on avance, plus on a de connaissances et plus on sait faire. De plus, chaque projet est tellement unique qu’il y aura toujours de nouveaux challenges et de nouvelles solutions.

Plus on se professionnalise et plus on écrit, plus on se pose les bonnes questions au bon moment, on tourne moins en rond et on a également moins peur. Parfois j’avais des pannes d’inspiration, j’étais perdue, j’avais l’impression de raconter tout et n’importe quoi, je me demandais quel était le problème ou si c’était le bon scénario.

Aujourd’hui je sais que ce sont des phases qui sont toujours là, mais comme je les ai beaucoup vécues, je sais que ça fait partie du processus. Alors, je me mets en pause sur un scénario et je vais en travailler un autre, ou alors je vais au cinéma ou bien en vacances et je reviens dessus après.

Je suis beaucoup plus sereine parce que je sais que cela fait partie des étapes d’écriture. Parfois nous sommes perdus, nous n’avons pas toujours la solution, nous n’arrivons pas toujours au scénario final dès le début et c’est normal.

J’aime voir le scénario comme quelque chose de vivant, comme un être humain. Il est composé de nombreuses couches et de sous-couches, il faut donc passer par toutes ces étapes, toutes ces couches et ces sous-couches, pour qu’à la fin, même si cela paraît très simple, le scénario soit chargé de tout ce que nous avons vécu dans l’écriture. Tout comme nous, qui de l’extérieur avons l’air très simples, qui sommes chargés de tout ce que nous avons vécu dans la vie.

De ce fait, même les idées que nous avions laissé tomber, mises de côté ou alors qui disparaissent presque sont en réalité encore là quelque part, parce qu’elles ont été présentées à un moment, cela fait partie de la vie du scénario. De même que les mauvais choix que nous avons pu faire dans la vie, ils nous a appris des choses et je pense que c’est pareil pour un texte.

M.V : Quel est votre échec favori ?

S.K : Je ne saurais pas dire parce que j’ai l’impression que tous les échecs se transforment en quelque chose de mieux par la suite.

J’ai la sensation que les projets que je ne mène pas à bout sont ceux que j’ai décidé d’abandonner. J’ai l’impression d’avoir en moi toutes les ressources nécessaires pour que les projets pour lesquels j’ai envie de me battre existent à un moment donné.

Je n’ai pas encore assez d’expérience sur la durée pour pouvoir affirmer que cela est vrai, il faudrait me reposer la question dans 10 ou 20 ans, mais les projets que j’ai abandonnés sont ceux en qui je ne croyais plus et pour lesquels je n’avais plus envie de me battre, d’où le fait de ne pas les faire.

Par exemple pour « La dernière vie de Simon » nous nous sommes battus pendant cinq ans pour trouver un producteur puis pendant deux ans pour trouver des financements. Nous aurions pu abandonner dix mille fois mais c’était tellement important que ce film existe qu’il en était hors de question.

Dans ces moments où nous nous retrouvions face à un mur, nous nous demandions comment faire pour avancer, avec l’impression que l’extérieur ne voulait pas de nous. Toujours dans cette idée que la vie est un miroir, je me suis beaucoup questionnée, en me demandant même s’il s’agissait de quelque chose en moi qui bloquait, comme parfois pourquoi ne sommes-nous attirés que par des producteurs qui ne veulent pas de nous par exemple.

J’ai donc beaucoup travaillé sur moi aussi à ce niveau-là afin de m’autoriser à être différente, à accepter ma différence et à être unique. Je sais que j’avais inconsciemment très peur de cela, bien que je ne l’ai conscientisé qu’après. Plus j’avançais par rapport à cette question, plus j’avais l’impression que nous avancions dans le film et dans la recherche de partenaires.

Si je devais un jour écrire un livre, pas forcément une fiction, je pense qu’il s’appellerait « La vie est un miroir » car je trouve qu’il s’agit d’un magnifique principe. Tous les blocages que l’on peut rencontrer à l’extérieur peuvent être le reflet de blocages intérieurs et cela nous donne la chance d’être le maître de notre destin.

M.V : Quels sont les nouveaux comportements ou habitudes qui au cours des cinq dernières années ont amélioré votre expertise dans votre métier ? 

S.K : Cela va rejoindre ce que je disais sur le burn out et cette phase où j’ai appris des choses sur moi. J’ai toujours travaillé de manière émotionnelle, sur la structure émotionnelle et l’évolution du personnage. Il ne s’agit pas forcément d’une évolution dont le personnage est conscient et qu’il peut expliquer.

J’ai également compris que le moins on en dit, c’est-à-dire le moins on explique ce que l’on souhaite raconter, plus on laisse l’opportunité au spectateur de s’approprier l’histoire, de fantasmer et de projeter ce que le film raconte.

À partir du moment où l’on explique les choses, on monte dans le cerveau et cela fige le message du film et l’émotion. Ainsi, moins on en dit, plus le film va être universel et ne pas vieillir. En effet, lorsque l’on regarde un film, on peut le regarder tous les ans si on sait exactement ce que l’on souhaite raconter sans le dire.

J’ai eu une phase où j’étais frustrée de ne pas pouvoir le dire, parce que je pensais que les gens n’allaient pas savoir à quel point j’ai travaillé et à quel point je sais ce que je veux raconter. En réalité, ce n’est pas grave car pour cela il y a des interviews et d’autres choses à côté. Je préfère que les gens projettent et que cela les touche, même si je ne sais pas exactement à quoi ils font référence.

Je préfère cela au fait d’imposer une interprétation et de devoir faire face à l’incompréhension de ceux qui n’auraient pas compris ou ressenti les choses de la même façon.

J’ai lu une étude qui disait qu’à l’école, on ne retenait que 10% de ce que l’on nous disait et 90% de ce que l’on expérimentait, et selon moi c’est ça un scénario. Ce n’est pas certaines choses à montrer aux gens, il s’agit plutôt de les leur faire vivre. Ils doivent vivre les émotions avec les personnages pour pouvoir les ressentir.

Ainsi, il n’est pas nécessaire qu’un personnage pleure pour que le spectateur pleure, il faut juste que le spectateur traverse les mêmes événements afin de vivre lui-même des choses émotionnelles.

M.V : Auriez-vous un conseil à donner à l’ancienne Sabrina qui construit sa future carrière ?

S.K : Je lui dirais de se faire confiance et de faire confiance à la vie, parce qu’elle gère bien en réalité.

Je lui conseillerais de toujours aller vers la joie, le jeu, ce qui fait plaisir et ce qui fait du bien.

M.V : Et que diriez-vous à une personne qui est sur le point de rentrer dans le milieu ?

S.K : Je lui dirais à peu près la même chose, de vraiment aller vers ce qui lui fait du bien et de se faire plaisir.

Je lui dirais également de rencontrer beaucoup de gens parce qu’il s’agit d’un travail d’équipe. Même lorsque l’on écrit seul il s’agit d’un travail d’équipe, on peut se faire lire par les autres et parler.

Ce n’est pas une compétition, il y a de la place pour tout le monde, c’est très important à savoir. On peut donc s’entraider et s’aider à grandir ensemble.

J’ai envie de rajouter que dans un film, tout le monde est important et apporte sa pierre à l’édifice, aucune personne n’est plus importante qu’une autre. J’aime beaucoup le terme « être roi dans ton royaume » et je pense que si chacun à son poste sur un plateau est le roi de son royaume, et qu’il est vraiment à sa place, alors cela peut faire un projet qui est plus qu’un film.

Plus qu’un film dans le sens où l’on parle souvent de « film d’œuvre » comme si s’agissait de l’œuvre d’un réalisateur, l’œuvre d’une seule personne, mais je pense que lorsque chacun est au bon endroit, il s’agit de quelque chose qui nous dépasse complètement. Il s’agit de quelque chose de beaucoup plus grand que nous et j’adore cette idée.

Chacun y met du sien, de son travail, de son talent et de ses compétences, mais tous réunis cela devient beaucoup plus grand que l’œuvre d’une seule personne. Cela permet d’apprécier le travail d’équipe et de réduire la pression puisqu’il ne s’agit pas du travail d’une seule personne, mais d’un long travail de nombreuses personnes. Et je trouve ça magnifique.

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