Sophia CONOSCENTE / Ingénieure du son

« Il existe plusieurs spécialisations dans le milieu du son. Sophia est une ingénieure son indépendante. Elle a travaillé sur différents projets, publicités, concert ou encore la promotion du jeu Watchdogs. Sophia nous partage son expérience et ses conseils pour débuter dans le milieu du son. »

10/03/2019

Maëlle : Bonjour Sophia, parmi tous les projets sur lesquels vous avez travaillé en freelance quel est celui qui vous a le plus passionné et pourquoi ?

Sophia : Le projet en Free-lance qui m’a le plus passionné est la web-série Silent Song, en collaboration avec une autre ingénieure du son femme Laura Allard, réalisée par Christophe Permingeat. Il a écrit et réalisé la série, et j’ai pu l’aider à porter le projet, et à l’assister tout au long du tournage et de la post-production. C’était un projet auto-financé et peu payé mais surtout c’était l’occasion pour moi d’avoir le champ complètement libre pour tester des choses dans le son, que ce soit au tournage ou au mixage, que je n’avais pas ou peu fait auparavant.

Un autre projet qui m’a beaucoup marqué c’est le trailer de l’application hide, d’Ubisoft pour la promotion du jeu Watchdogs. Je venais de commencer au studio Labo, et on m’a confié tout le sound design et la création sonore du trailer, sans aucune limite. C’était très challengeant, surtout dans les délais imposés, mais très intéressant et ça m’a surtout donné l’occasion de faire mes preuves d’un point de vue créatif et technique.

Maëlle : Quel conseil donneriez-vous à une plus jeune version de vous-même qui débute dans le son ?

Sophia : Comme conseil à une jeune version de moi-même... j’en ai beaucoup reçu déjà à l’époque. On m’a dit de ne jamais dire non à un projet quand on débutait, maintenant j’ai la chance de pouvoir dire non et choisir...

Un de mes tuteurs de stage m’avait dit dès le premier jour de ne jamais douter de moi, et toujours aller jusqu’au bout de mon idée, même si c’est pour me rendre compte que ça ne marche pas. On m’a aussi conseillé de ne jamais rejeter la faute sur quelqu’un d’autre de l’équipe quand quelque chose ne marche pas sur un projet ou un film. Il faut toujours voir ce qu’on aurait pu faire de notre côté pour que ça fonctionne ou au moins améliorer les choses. Même si le travail en équipe est compliqué, ce conseil m’a énormément aidé sur le plan professionnel. Un client se fiche si le cameraman voulait absolument filmer avec le métro en arrière plan, par contre, il veut avoir un son audible et intelligible, et mon rôle est de faire en sorte que cela se fasse au mieux. Et ça permet aussi d’éviter des tensions d’équipe.

Si je devais ajouter quelque chose à toutes les recommandations faites, ce serait de connaître la valeur du travail qu’on fait. Ne pas exagérer non plus, mais ne pas hésiter à s’affirmer et demander le prix juste pour le travail effectué, l’expérience et la valeur ajoutée que l’on peut apporter à un projet.
J’ai mis beaucoup de temps à réussir à définir à combien j’estimais vraiment mon travail, et à le demander.

Maëlle : Quels sont les outils (matériel, logiciels) que vous utilisez au quotidien en tant qu’ingénieure du son ?

Sophia : Au quotidien, j’utilise en studio deux micros Neumann U87, deux preamplis Avalon VT-737SP, des cartes son Focusrite Rednet et Protools 12. Pour la prise de son en tournage, quand je n’ai pas de possibilité de location, j’utilise un micro-perche Rode NT-G3, avec un enregistreur Zoom H6, et mon casque qui me suit partout, le Beyer Dynamic DT 770 Pro.